Les élevages démesurés…

... une spirale infernale, obstacle à l'agriculture familiale et au développement durable.

Comines-Warneton compte officiellement sur son territoire environ 60.000 porcs et 500.000 têtes de volaille. Sans doute plus, si l'on se réfère aux nombreuses demandes de régularisation. C'est l'entité wallonne la plus densément peuplée en élevages industriels.
Dans la commune, ceux-ci sont concentrés principalement à Ploegsteert, dans le secteur du Bois de la Hutte et au nord du hameau de Ten-Brielen.
Et c'est sans tenir compte des exploitations voisines en territoire flamand qui augmentent encore la concentration des élevages dans cette zone transrégionale.

De manière récurrente, de nouvelles demandes sont introduites pour étendre et/ou régulariser ces exploitations. On assiste à une croissance chronique des spéculations porcines et aviaires qui se font, on le verra plus loin, au détriment de l'agriculture familiale et d'un développement soutenable.
Actuellement, cinq demandes sont pendantes, pour un total de 30.000 porcs [1].

Pour les habitants de Comines-Warneton, la coupe est pleine.
Il faut, pour le moins, un moratoire absolu des extensions et des régularisations.

>  Ces élevages n'apportent pas d'emplois mais produisent des nuisances qui affectent l'habitabilité de notre commune, bien au delà de leur environnement immédiat.
  • La nuisance la plus évidente, c'est l'odeur âcre, caractéristique de ces élevagesqui n'a rien à voir avec celle de la campagne.
    Et il s'avère que les équipements prescrits (laveurs d'air...) sont loin d'avoir l'effet escompté : ils sont trop souvent inefficaces (ou on ne les fait pas fonctionner).
  • Aux odeurs s'ajoutent d'autres émissions, susceptibles d'avoir un effet non négligeable sur la qualité de l'environnement et la santé : particules fines, ammoniaque, phosphore, protoxyde d'azote, sulfure d'hydrogène… sans compter les conséquences en termes de nitrate, de nitrites et d'appauvrissement des sols liés à l'épandage excessif de lisier. Une tragique et récente actualité a mis en évidence leur dangerosité.
  • Il y a aussi l'important charroi, qui endommage les voiries (apport de porcelets , évacuation de porcs engraissés, livraison de nourriture, évacuation du lisier…), et qui provoque parfois des fissures aux habitations.
  • L'énorme consommation d'eau entraîne un épuisement des ressources. Rien que dans les secteurs précités, plus de cent millions de litres d'eau sont puisés par captage
  • la liaison au sol est totalement absente, que ce soit pour les aliments (importés, notamment d'Amérique du Sud pour certains constituants énergétiques) ou pour l'épandage des effluents (vu la sursaturation des sols)
  • pas d'industrie transformatrice en aval et donc pas d'emplois induits
  • le manque d'intégration des bâtiments dans le paysage et l'absence de mesures compensatrices, telles que les plantations.
    Il en résulte une dépréciation du cadre de vie et de la valeur de l'immobilier.
 > Le développement des élevages industriels dégrade les paysages et l'attractivité du secteur
  • A Ploegsteert, les élevages se situent au cœur de magnifiques paysages et de lieux de mémoire liés à la guerre 14/18, notamment de sublimes cimetières.
    On y trouve un Mémorial émouvant et un Centre d'Interprétation, "coup de coeur" de l'Office wallon du tourisme. Ces lieux sont très fréquentés et de nombreux investissement, tant publics que privés, y ont d'ailleurs été consentis.
  • A Ten Brielen, les élevages sacrifient la campagne, la rénovation et de la mise en valeur d'éléments du patrimoine naturel et bâti, ce qui engendre des friches de plus en plus nombreuses.
>  Les élevages industriels ne nourrissent pas la planète. Ils appauvrissent l'agriculture et précarisent les agriculteurs.
  • Non, nos élevages démesurés ne constituent pas la bonne réponse  aux besoins alimentaires. La moitié de la production porcine belge est exportée et contribue donc à la dépendance alimentaire des populations [3].
  • En revanche, ils conduisent à précariser le secteur de l'agriculture en faisant basculer l'élevage dans un mode industriel, où sévit une concurrence effrénée qui réclame toujours plus d'investissements et de rendement, pour un revenu de plus en plus aléatoire.
    Il s'agit d'une spirale infernale qui étrangle l'agriculture familiale.
  • Ces élevages démesurés ne contribuent pas non plus à l'amélioration de la qualité et à la diversification de la production qui permettrait de revaloriser le niveau de vie des agriculteurs. A l'heure où les citoyens et les partis politiques veulent une agriculture à échelle humaine, liée au sol, favorisant le circuit court, respectant la santé et la sécurité des personnes ainsi que le bien-être animal, le développement des élevages industriels nous semble incongru, à fortiori dans un tel contexte environnemental et paysager.
  • Autoriser l'extension des élevages industriels serait irresponsable.
    Il faudrait au contraire encourager une reconversion.
> Les élevages démesurés : un risque pour la santé
  • A l'occasion de la pandémie de Covid 19, nombreux sont les épidémiologistes qui mettent en évidence la co-responsabilité des élevages démesurés : "Le risque (de pandémies) est beaucoup plus évident avec la grippe et l'élevage de volaille et de porcins, qui sont des animaux domestiques et non sauvages et représentent de formidables réservoirs pour la fabrication de variants…" (Pr Arnaud FONTANET, médecin épidémiologiste à l'Institut Pasteur - LLB 31/3/2021).
    La concentration des animaux et des élevages joue un rôle non négligeable dans la précarisation sanitaire, talon d'Achille de nos sociétés "développées".
  • On constate également l'effet désastreux des usines à viande sur la qualité de l'eau, du sol, de l'air... sur les lieux de production et d'épandage
    Voir notamment l'enquête de Greenpeace  en  cliquant ici 
  • Outre la toxicité des effluents, on note aussi, chez les consommateurs, une augmentation de la résistance aux antibiotiques.
> Le mépris du bien-être animal

A l'heure où le bien-être animal devient une exigence et contrairement aux cochons élevés dignement en plein air, les porcs industriels ne voient jamais la lumière du jour. La gestation à répétition des truies, le sevrage éclair des porcelets, leur castration à vif, le meulage des dents et coupage de la queue, leur engraissement à marche forcée dans un espace inférieur à 1m², au moyen d'une nourriture insipide, le stress (mais aussi les maladies) liées à la concentration des animaux, les conditions d'abattage… tout cela constitue une indignité qu'il faudrait combattre.

 

> L'étude d'incidences : un déni de la réalité

L'étude d'incidence qui accompagne un projet représente une "brique" de plus de 500 pages. Elle est rédigée dans un langage abscons et est consultable dans des conditions compliquées et inconfortables.

Moyennant un gros effort, elles permet de comprendre approximativement et dans les grosses lignes le projet. Néanmoins, la description de ses impacts et les conclusions distillées au fil des pages constituent un déni de la réalité vécue sur le terrain par les Cominois en général et les riverains en particulier.

On pense à ce célèbre refrain de Ray Ventura : " Tout va très bien, Madame la Marquise, tout va très bien, tout va très bien..."
Cela donne, au fil des pages : aucun impact non négligeable, peu d'incidences significatives…
N'oublions pas les couplets : "... Pourtant il faut / il faut que l'on vous dise / qu'on déplore un tout petit rien / un incident, une bêtise…"


[1] 10.100  rue du Petit-Pont, 5.000 rue de la Munque, 4.000 rue du Petit-Pont, 7.000 rue des Alliés, 4.000 Chemin des Alôs
[2] Important transformateur de pommes de terre situé à Warneton, à 4 kms à vol d'oiseau
[3] Aider les populations à produire chez eux ce dont ils ont besoin pour se nourrir serait un moyen bien plus efficace pour lutter contre la faim.