L’actualité porcine à Comines-Warneton

En ce printemps 2021, pas moins de 5 dossiers d’élevages démesurés sont pendants dans l’entité de Comines-Warneton.
Passage en revue des différents projets :


1.
Porcheries Taveirne à Ploegsteert : plus de 10.000 porcs, au cœur des lieux de mémoire

Le 4 janvier 2017, la SA Taveirne avait obtenu un permis pour mettre aux normes ses installations de la rue du Petit-Pont, à proximité du Mémorial et de Plugstreet : démolition des anciens bâtiments et reconstruction de 4 nouvelles porcheries pour un total de 10.100 porcs.
Alors que ce permis arrive à échéance, les vieux bâtiments sont démolis et les nouveaux pas encore construits. La demanderesse demande donc une prorogation de son permis.

Or, le 15 décembre 2016, l’exploitant avait, en réunion publique, fait part de son intention de renoncer à ce projet de reconstruction, ainsi qu’à la destination porcine du site.
Tous ceux qui animent, aiment et fréquentent ce secteur s’étaient réjouis de cette annonce.
Et de fait, depuis la démolition des anciennes porcheries, une nette amélioration de la situation se fait sentir.

  

Ce revirement a donc fait donc l’effet d’une douche froide.
Les installations, qui dataient de plus de 50 ans, sont déjà largement rentabilisées.
Il faut tourner la page.

Par ailleurs, il nous semble malsain de conditionner une renonciation au projet à l’approbation d’un autre projet d’extension, qui n’est même pas encore introduit.
Nous espérons que les Autorités ne céderont pas à ce chantage.

Etat du dossier :
Les autorités communales ont fait part de son intention de ne pas accorder la prorogation du permis. Nous nous réjouissons de cette décision. Un recours reste cependant possible


2.
Innoporc à Comines Ten Brielen : l’exploitant anversois ne respecte pas son permis

En janvier 2017, un permis unique était délivré à la sa Taveirne reconstruire une porcherie industrielle vétuste. La demande portait sur 6.960 porcs. 4.640 porcs sont acceptés. C’est quand même 1.252 cochons supplémentaires.
En février dernier, le site est revendu -avec son permis- à la société Innoporc de Wuustwezel (Anvers).

En juin dernier, on constate que la réalisation de ce projet par Innoporc ne respecte pas du tout le permis, notamment en ce qui concerne les silos installés : ils sont 13 au lieu des 8 autorisés, ils sont beaucoup plus hauts, d’une capacité totale de 700 tonnes au lieu des 120 prévues et sont implantées en front de voirie : un sacré coup de poing dans le paysage !
Le  collectif « Stop aux élevages démesurés » et le Cadec, ainsi qu’un riverain demandent à la Région wallonne et à la Ville de Comines-Warneton d’ordonner l’arrêt des travaux et leur mise en conformité avec l’autorisation. Le 29 juillet, un avertissement préalable est adressé à Innoporc, enjoignant à la firme à se mettre en ordre dans les 3 mois.
Fin février, les silos sont toujours en place et l’exploitant en demande la régularisation.

  

Et comme si tout allait de soi, cette demande de régularisation comprend une simple « notice d’incidence », alors que l’augmentation de la capacité des silos notamment résulte d’une modification importante du mode d’exploitation :

  • changement du type de nourrissage (alimentation liquide avec utilisation de sous-produits organiques)
  • ce changement entraînera inévitablement un charroi beaucoup plus important avec des conséquences sur la mobilité et l’état des voiries;
  • la quantité de lisier produite pourrait augmenter (cela dépend de la manière d’alimenter);
  • un nourrissage par soupe comporte des risques en matière d’hygiène (forte charge microbiologique dans les installations) qu’il conviendrait d’évaluer;
  • le fait d’apporter des matières organiques pour l’alimentation pourrait engendrer des odeurs supplémentaires. Comment réagiront-elles lorsqu’un soleil caniculaire chauffera les silos ?
  • le bassin d’orage est déplacé entre les fosses à lisier…

La demande de régularisation comporte des inexactitudes puisqu’il y est indiqué, contre toute évidence, que la modification n’aura aucun impact général sur la circulation. Elle minimise l’impact paysager, parlant de silos « ± 4m50 plus haut que prévu », alors qu’en réalité les silos ont une hauteur de 13m30 au lieu des 6m90 prévus (soit + 6m40 !). De ce fait, les nouveaux silos dépassent nettement tous ceux de la zone (qui ont la hauteur des bâtiments connexes), sont situés cette fois en front de voirie et s’observent de très loin. On peut craindre en outre que ces silos en polyester vieilliront mal. La notice indique, sans autre précision, la création d’un « léger écran végétal » alors que la zone où étaient prévues des plantations est à présent plantée… de silos.
Enfin, nous avons de bonnes raisons de penser que la capacité des porcheries n’est pas de 4.640 animaux, mais bien de 6.000.

Mais le problème le plus grave, c’est la méthode utilisée, celle du « fait accompli » : on réalise son projet de manière infractionnelle, sans complexe, puis on demande à le régulariser.
Accepter cela serait envoyer un dangereux message, qui risque de faire des émules.
Les élevages industriels sont déjà un problème dans notre commune. Les mettre en place au mépris des conditions d’octroi est inadmissible.

Etat du dossier
L’infraction urbanistique (silos) est en cours d’instruction par le procureur du Roi. Nous sommes en attente de sa décision et, dans la foulée, de celle de la Commune ou de la Région wallonne.
A ce jour, nous sommes sans nouvelles de l’infraction environnementale (changement du mode de nourrissage, surcapacité éventuelle). Les autorités compétentes ont été relancées.


3.
Porcherie de la Munque (Delfortrie) à Ploegsteert : en infraction depuis plus de 10 ans !

Encore une demande en plein cœur des lieux de mémoire et de tourisme, en lisière d’une zone d’intérêt paysager.

En 2008-2009, la porcherie de la Munque avait introduit une demande de permis pour 6.900 porcs + 1.500 porcelets. L’autorisation lui a été accordée pour 3.276 porcs et 1.500 porcelets, soit au total 4.776 bêtes. Or, depuis 2009, il y a ± 8.000 cochons dans l’exploitation, et ce en toute illégalité.
La nouvelle demande, introduite en août 2020, porte sur 8.424 porcs (soit un supplément de 3.648 porcs par rapport à son autorisation). Il s’agit donc pour l’exploitant de régulariser son cheptel actuel dont la moitié est détenue illégalement depuis plus de 10 ans. Cela ne va pas !

Etat du dossier
Les autorités ont émis un préavis défavorable.
En attente de l’avis des services de l’urbanisme et de l’environnement à Mons


4.
Projet Tailleu à Warneton : un élevage énorme, à cheval sur la frontière linguistique

Encore une demande en plein cœur des lieux de mémoire et de tourisme, en lisière d’une zone d’intérêt paysager.


5.
Projet de la sa Taveirne à Warneton : le plus gros élevage de l’entité veut encore s’étendre et renforcer sa rentabilité. Avant d’être revendu ?

Encore une demande en plein cœur des lieux de mémoire et de tourisme, en lisière d’une zone d’intérêt paysager.


Voir aussi notre article : « Des cochons ou du houblon : un sacré dilemme ! »

L’actualité porcine à Comines-Warneton