Au milieu de réserves naturelles, revoici le chantier de concassage !

Pour rappel, en janvier 2023, l'entreprise Deryckere-D'Hondt de Moorslede avait projeté de réaffecter l'ancien speedway de Warneton en un site de retraitement des déchets de la construction. Ce projet avait été refusé et le recours de l'entreprise auprès du ministre rejeté.

Mais aujourd'hui, le dossier est réintroduit avec, en plus, une centrale à béton.

Le motif du refus avancé par la commune (un ancien chemin traversant le site) a été retoqué par le tribunal.

Une enquête publique a été menée du 26 mars au 14 avril 2025 . 

Ci-dessous un résumé du projet et de nos remarques.

A Warneton, sur le site de l'ancien speedway, l’entreprise de terrassements Deryckere-D’Hondt de Moorslede (près de Roulers) voudrait délocaliser ses activités de retraitement des déchets de la construction : concassage, criblage, broyage, stockage... de matériaux divers, issus de la démolition de routes et de bâtiments. Le (nouveau) projet prévoit aussi une centrale à béton.

CE PROJET EST SITUE A PROXIMITE IMMEDIATE D'UNE MOSAIQUE DE RESERVES NATURELLES ET DE BIOTOPES FRAGILES, QU'IL CONVIENT DE PRESERVER

En bleu sur la carte : étangs et zones humides
En vert clair : prairies
En vert foncé : les bois de Ploegsteert et leur lisière

Camso carte anotée

DANS UN RAYON DE 500 METRES AUTOUR DU PROJET : UNE MAJORITE DE ZONES NATURELLES RECONNUES, A PROTEGER

Hachuré noir : SGIB = Site de Grand Intérêt Biologique
Vert : Natura 2000 = Réseau d'aires protégées par l'Europe en vue de préserver la faune
Quadrillé bordeau : ZNIEFF = Zone Naturelle d'Intérêt Ecologique, Faubistique & Floristique

R 500 m

Au fait, pourquoi ce projet ?

Installée à Moorslede, près de Roulers, l'entreprise demanderesse avait introduit une demande d’extension de ses installations (voir photo). Mais celle-ci a été refusée à deux reprises par la Région flamande, comme on peut le lire dans le "Weekelijk Nieuws" du 22/01/2021.

Installations Derycke
Article HLN

Dès lors, l'entreprise Deryckere-D'Hondt, qui, à notre connaissance, n'est pratiquement pas active dans notre secteur, a jeté son dévolu sur le site du speedway de Warneton (qui était à vendre) pour y réaliser ses extensions .

Que penser de ce projet ?

Certes, la réutilisation -et donc le retraitement- des déchets de la construction-, dans des conditions rigoureuses de respect des riverains et de l’environnement, est une nécessité.

Mais le faire à 30 km de son exploitation est une aberration.

En effet, rien que le transport de ces déchets engendrera des tonnes de CO2 et de poussières, sans compter les dégradations au niveau des voiries, qui ne sont pas conçues pour cela.

De plus, le site fait partie d’une ancienne zone de briqueteries. Il a aussi été une décharge de déchets ménagers et un circuit de rodéo automobile. Il s’agit donc d’un site sensible au niveau des pollutions éventuelles. Malgré cela, le dossier ne comporte pas d’étude sérieuse des caractéristiques du sol et du sous-sol.

Enfin, le site se trouve au milieu de réserves naturelles, issues de l'évolution d'anciennes carrières d'extraction d'argile, qui abrite une avifaune et une biodiversité exceptionnelles. Cet environnement est incompatible avec le projet

Une déchetterie de plus, est-ce bien utile  ?

Notre commune compte en effet plusieurs installations de transit et de retraitement de déchets de la construction :
> Site Cnockaert au zoning de Comines
> Site Dellevedove près de chez Clarebout Potatoes
> Site Carpentier, route des Ecluses
> Site Braem au zoning de Comines
> Ferrailleur près de la piste de ski à Comines
Notre petit doigt nous dit que ce n’est pas terminé.

Et c'est sans compter les infrastructures similaires dans les communes voisines, notamment à Zandvoorde (Cardoen), Wervik (Cnockaert), Deûlémont (Soternor), Comines-France (Cashmétal)....

Ce que nous demandons :

1° Que le projet de la firme Deryckere-D’Hondt soit refusé.

Il est aberrant et inacceptable qu’une entreprise basée à Moorslede délocalise à 30 km de chez elle, dans un site inapproprié, des activités de traitement et de stockage de déchets qui ne sont pas acceptées dans sa Région.
Des tonnes de CO2 envoyées inutilement dans l’atmosphère !

En outre,
le site se trouve à proximité immédiate d’une mosaïque de réserves naturelles et de biotopes intéressants, issus notamment d’anciennes argilières, à l’avifaune et à la flore particulièrement riches, que de toute évidence le projet perturberait (voir la 1ère carte)
> étangs et zones humides en bleu,
> prairies en vert clair (et en jaune)
> zone boisée en vert foncé
Elles sont reprises en Zones centrales dans l'inventaire écologique de Comines-Warneton.

 dans un rayon de 500 mètres autour du projet, on trouve des aires majoritairement classées (voir la 2ème carte) :
> en Sites de Grand Intérêt Biologique (BE)
> en zone Natura 2000 (EUROPE)
> en Zone d'Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique (FR)

 dans le dossier présenté, les risques sont sous-évalués. Une étude d’incidences digne de ce nom avec caractérisation du site, de ses pollutions et de ses risques, compte tenu de ses affectations antérieures (argilière, décharge, rodéo automobile) devrait par exemple être réalisée avant toute réaffectation du site ;

les mesures d’accompagnement (protection contre les poussières et le bruit, intégration paysagère, plantations…) esquissées sont dérisoires et totalement insuffisantes ;

→ les voiries existantes (le chemin Lutin est un chemin de campagne, crevassé par endroits) ne sont pas capables de recevoir le charroi (prévision 72 camions/jour) qui en découlerait ; 

l'accès au chemin Lutun  depuis la RN 58 (Route du Pont Rouge) se confond, sur une bonne partie au RAVEL 69A (côté belge) et donne accès à  la "Véloroute des Flandres" (côté français).
Il est donc fréquenté par de nombreux  cyclistes, piétons et cavaliers sans séparation ni protection.
Le charroi engendré par le projet  présente donc un danger réel pour les c
yclistes. ;

 un tel projet va à l’encontre de l’évolution de son environnement : renaturation des anciennes argilières en cours, développement touristique (gîtes…), opportunités et projets de mobilité douce (ancienne voie de chemin de fer stratégique : voir notre article en cliquant ici)…

2° Que soit réalisée avant tout projet de réaffectation une caractérisation du sol et du sous-sol : évaluation des pollutions, de la qualité de  protection des nappes sous-jacentes, proposition de mesures de protection et/ou de restauration…

3° Que soit envisagée par la suite une réhabilitation du site en harmonie avec son contexte.
Nous pensons que celui-ci pourrait devenir un "Site à réaménager" (SAR -anciennement "Site d'Activité économique désaffecté"), conformément aux art. DVI et DV2 du CodT. L'acquisition et la rénovation de ce site pourrait alors bénéficier des subventions importantes à l'acquisition et la rénovation.fait 

L'enquête publique

La nouvelle enquête publique a lieu jusqu'au 14 avril 2025 à 11h00.

Vous pouvez consulter le dossier à l’Hôtel de Ville – Service environnement.Vous pouvez y formuler vos remarques (écrites ou verbales).

Quid de l'ancien speedway ?

Pour ses fans, le speedway était un circuit mythique, où des voitures en fin de vie se livraient à un spectaculaire rodéo, dans une ambiance, disons, très particulière. Les nuisances sonores, certes non négligeables, étaient limitées à quelques weekends par an.

Mais le speedway était à vendre.

Une demande de renouvellement du permis d'environnement avaqit été introduite, mais à l’heure où les dérèglements climatiques, provoqués par les gaz à effet de serre menacent la planète de manière de plus en plus évidente, ce renouvellement avait été refusé par les Autorités.

Au milieu de réserves naturelles, revoici le chantier de concassage !